Entrevue avec Mélissa Martin, psychologue au Centre d’étude sur le trauma

Katia Levrier – Pour une victime d’un événement traumatique, quel rôle peut jouer le soutien apporté par l’entourage sur son rétablissement ?
Mélissa Martin – Le soutien peut affecter le rétablissement d’une victime à deux moments importants. En premier lieu, on remarque que les personnes qui ont reçu du soutien pendant l’événement traumatique, ou quelques heures après celui-ci, développeront moins de réactions post-traumatiques à long terme. Par exemple, une personne bloquée dans une voiture à la suite d’un accident qui reçoit des mots réconfortants d’autres personnes situées à l’extérieur du véhicule, en attendant d’être sortie de là. Il semblerait que ce type de soutien diminuerait le sentiment d’insécurité et procurerait du réconfort. On observe ceci également dans les métiers à risque où le trauma est vécu en groupe (chez les policiers ou les pompiers) et où les individus se soutiennent entre eux.
En deuxième lieu, le soutien peut affecter le rétablissement des victimes à la suite de l’événement. On observe que les personnes qui ne reçoivent pas d’appui de leurs collègues de travail, de leurs amis ou de leur famille ressentent souvent de la colère et de la déception. Ces personnes ont alors le sentiment que l’événement qu’elles ont vécu n’est pas reconnu et que leur entourage le minimise.
Il est important de souligner que le soutien apporté par l’entourage peut prendre plusieurs formes. Il peut être financier, émotionnel (parler à un proche), amical (se changer les idées avec un ami), ou informationnel (appeler un collègue pour obtenir de l’information sur ses droits au travail). La victime doit prendre conscience des limites de ses proches en termes de soutien ou d’énergie qu’ils peuvent lui apporter. Mais le plus important pour une victime est de savoir qu’elle peut recevoir l’appui dont elle a besoin.